Catimor : le café qui défie les préjugés

Catimor : le café qui défie les préjugés

Catimor : une variété de café controversée mais fascinante

Si vous vous êtes déjà intéressé de près aux variétés de café, vous avez peut-être entendu parler du Catimor. Ce nom un peu étrange revient souvent dans les discussions sur la culture du café, notamment dans les pays d’Amérique latine et d’Asie du Sud-Est. Considérée par certains comme une solution agro-industrielle, rejetée par d’autres pour ses défauts en tasse, Catimor ne laisse personne indifférent. Alors, qu’est-ce que le Catimor exactement ? D’où vient-il, pourquoi est-il si répandu, et surtout : peut-il produire du bon café de spécialité ?

Cet article vous propose une plongée détaillée dans l’univers du Catimor, une variété complexe, à la croisée des chemins entre productivité, résistance et qualité aromatique. Curieux ou passionnés, on vous promet : vous ne verrez plus jamais un paquet de Catimor de la même façon.

Origines et histoire du Catimor

Un croisement aux ambitions agricoles

Le Catimor est né dans les années 1960 au Portugal, au Centre de Recherches Agronomiques de CIFC (Centro de Investigação das Ferrugens do Cafeeiro), à Oeiras. C’est une variété hybride issue du croisement entre deux autres variétés bien connues : le Timor Hybrid (lui-même un croisement naturel entre Coffea arabica et Coffea canephora, aka Robusta) et le Caturra, une mutation naine du Bourbon.

Le but de ce croisement ? Créer une variété de café productive, de petite taille (idéale pour les récoltes manuelles), résistante à la rouille du caféier (la redoutée hémileia vastatrix), tout en conservant quelques caractéristiques qualitatives liées à l’arabica. Bref, un rêve pour les producteurs en mal de rendement et en lutte constante contre les maladies.

Une adoption massive dans les zones tropicales

Rapidement, Catimor s’est répandu dans plusieurs régions caféières comme l’Amérique Centrale (Nicaragua, Honduras, Salvador), l’Amérique du Sud (Pérou notamment) et surtout en Asie du Sud-Est, notamment au Vietnam. Pourquoi un tel succès ? Sa robustesse face aux maladies fongiques, sa précocité de production et son rendement élevé lui donnent des avantages économiques indéniables, surtout pour les petits producteurs.

Au Vietnam par exemple, Catimor a permis à beaucoup d’exploitations de sortir de la précarité, au prix, il est vrai, d'un profil aromatique souvent critiqué.

Caractéristiques agricoles de Catimor

Un caféier robuste… mais exigeant

Catimor n’est pas qu’un caféier facile à cultiver. Il a ses caprices — on ne va pas se mentir. D’abord, il pousse mieux à basse ou moyenne altitude (en dessous de 1 500 m), ce qui restreint légèrement son potentiel qualitatif. Ensuite, bien qu’il soit résistant à la rouille, il reste sensible à d’autres maladies comme l’anthracnose ou la cercosporiose. Et il a besoin d’un bon régime hydrique pour bien donner.

Mais, s’il bénéficie de conditions optimales (sol riche, gestion attentive, ombrage contrôlé), Catimor peut se montrer surprenant. Il existe différentes lignées de Catimor (P88, T8667, Costa Rica 95, etc.), chacune avec des performances différentes selon le terroir.

Un rendement élevé qui séduit encore

L’un des grands avantages du Catimor, c’est sa productivité. Il donne généralement plus de cerises par arbre que la plupart des variétés arabica “classiques”. Pour certains producteurs, c'est un choix stratégique : plus de volume à vendre, et donc plus de revenus, même si la qualité en tasse est inférieure.

C’est pour cela que Catimor reste populaire dans les programmes de culture intensifiée promus par certaines ONG ou gouvernements locaux, même dans les régions tournées vers le café de spécialité.

Profil aromatique du Catimor : entre préjugés et potentiel

Une réputation sulfureuse

Disons-le franchement : Catimor souffre d’une mauvaise réputation en tasse, notamment auprès des amoureux du café de spécialité. On lui reproche souvent une certaine astringence, une amertume marquée, un manque de complexité, voire parfois des notes herbacées peu engageantes. Tout cela est-il mérité ? Oui et non.

Oui, car il est vrai qu’en culture intensive avec des rendements maximisés (sans tri, sans sélection, peu d’ombrage), Catimor peut donner des cafés franchement plats et déséquilibrés. Mais non, car avec les bons soins, le bon terroir et une fermentation maîtrisée, certaines variantes de Catimor révèlent des profils beaucoup plus nuancés, avec des notes fruitées ou florales intéressantes.

Quand Catimor rime avec qualité

Ces dernières années, certains torréfacteurs et importateurs de café de spécialité (dont nous chez Singular Coffee) redonnent ses lettres de noblesse au Catimor. Lorsqu’il est cultivé à plus de 1 400 m, avec une attention particulière à la maturation des cerises et une fermentation contrôlée, cette variété peut parfaitement intégrer une offre haut de gamme.

On peut découvrir alors des profils avec un bel équilibre sucre/acide, des arômes de fruits rouges ou de thé noir, et une texture douce. Le tout sans l’astringence qui lui colle habituellement à la peau. Bref, comme pour beaucoup de cafés, c’est surtout une question de pratiques agricoles et post-récolte, plus que de génétique pure.

Catimor et café de spécialité : mariage impossible ?

Ça dépend. Chez Singular Coffee, on pense que tout dépend du contexte. Certaines variétés "nobles" comme le Gesha ou le SL28 ont certes une longueur d’avance en matière de complexité aromatique intrinsèque. Mais cela ne signifie pas que des variétés comme le Catimor soient incapables de produire un café de spécialité. L’exemple du Pérou est frappant : on y trouve de plus en plus de Catimor de haute altitude, bien transformés, qui rivalisent avec d’autres grands crus en tasting panels.

Il serait dommage de passer à côté d’un café uniquement à cause de son pedigree botanique. En fin de compte, tout repose sur la chaîne de valeur : le fermier, le traitement post-récolte, le torréfacteur, et vous… qui choisissez de l’infuser dans les règles de l’art. Et chez Singular Coffee, on est justement là pour faire le tri, et vous proposer uniquement les meilleures expressions de chaque variété, Catimor compris.

En résumé : faut-il s’intéresser au Catimor ?

  • Origine : croisement entre Timor Hybrid et Caturra, né au Portugal dans les années 1960
  • Avantages : productivité élevée, résistance à la rouille
  • Inconvénients : profil aromatique parfois critiqué, dépend fortement des pratiques de culture
  • Présence : très courant en Asie du Sud-Est, Amérique latine, et de plus en plus en Afrique
  • Potentiel en spécialité : oui, si cultivé et transformé avec soin

En somme, Catimor n’est pas une star des concours de barista… mais pourrait bien devenir votre prochain coup de cœur si vous ouvrez votre esprit (et vos papilles). Chez Singular Coffee, on continue d’explorer toutes les pistes pour dénicher des lots surprenants et qui cassent les clichés. Et parfois, ils viennent d’un humble Catimor, bien élevé.

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